Histoire (Angenoir)

[AngeNoir]

Voilà bien longtemps que vous errez ainsi.
Des heures, sûrement des jours... peut-être plus...
Doucement, en ouvrant les yeux, vous apperçevez la raison de votre réveil.
Une mouette insignifiante passe négligeament au-dessus de votre tête, comme vous narguant, avant de disparaître dans un épais brouillard grandissant.
Quelques instants après, vous percevez d'étranges cris stridents, qui aussitôt, vous glace le sang et vous provoque d'effroyables frissons électriques dans tout le corps.
Votre déglutition devient de plus en plus rauque.
L'esprit perdu et n'assimilant que très superficiellement se qui se passe, vous baissez les yeux sur vos habits.
Quelle misère... des habits de toile souillés, poisseux et telle une seconde peau collée à votre corps.
Vous commencez à reprendre vos esprit mais plus votre état léthargique vous quitte, plus l'incompréhension vous envahi.
D'un coup, en redressant votre nuque courbaturée, vous tentez de trouver quelle supercherie vous a conduit ici...
Mais un mal de tête vous rappelle à l'ordre, vous tentez de regarder autour de vous, vous comprenez ainsi que ce grincement aigu qui vous irritait les oreilles n'était autre que le bois dévernis.
Assumant difficilement le poids des années de l'embarcation de fortune dans laquelle vous avez repris conscience.
En vous redressant vivement de votre position horizontale, d'énormes crampes, à déchirer les chairs vous assaillent de toutes parts et votre corps se raidit tellement que vous ne pouvez plus vous mouvoir.
La douleur vous fais crier instinctivement, mais la voix vous manque, vous n'interprétez qu'un souffle long et pénible s'étouffant dans un murmure de lamentation tout juste audible.
Vous percevez un grondement lointain, bien trop lointain pour pouvoir l'identifier..
Que ce passe t'il, où suis-je, mais... brusquement, les maux de tête s'amplifient et vous avez l'impression de recevoir des poignards directement dans votre boite crânienne.
Instinctivement votre main vient se poser sur votre front, comme si elle pouvait vous évacuer cette douleur...
La houle projette sur votre visage une gerbe d'eau glacée et telle une injure, d'autres viennent vous gifler à nouveau.
Le soleil fait une dernière révérence malsaine et doucement s'enfonce dans un grand lit bleu azur, laissant sa place à des vagues de plus en plus violentes et menaçantes.
La luminosité s'appauvrissant vous prenez vite conscience qu'il est urgent de trouver un moyen de vous sortir de cette galère !
Dans l'extrémité avant de l'embarcation vous apercevez, négligemment disposée, deux rames en bois usées et craquelés.
Cherchant de la main devant vous, vous trouvez une vieille gourde d'eau en métal oxydé à moitié vide, une boussole ainsi qu'un vieux morceaux de pain trempé, entièrement recouvert de moisissure et orné de disgracieuses larves d'insectes, d'un blanc douteux.
Le ciel est maintenant parfaitement noir.
Vous cherchez d'autres choses mais c'est peine perdue, votre main ne parvient qu’à se blesser contre des objets que vous n'arrivez pas à identifier...
Seule une lueur tournoyante à la luminosité en partie appauvrie par ce climat désastreux, vient perturber ce funeste linceul ténébreux.
La barque grince et se tord sous l'effet de cet élément déchaîné.
Les vagues deviennent gigantesques, la barque va chavirer d'un moment à l'autre.
Des rafales de vent se projette sur vous, vous assaillant de tous les cotés dans un hurlement à la mélodie sourde et effrayante.
De lourdes gerbes d'eau salées s'écrasent sur vous, le niveau de l'eau monte le long de vos jambes...
L'océan vous invite à vos derniers instants d'existence, dans sa représentation macabre d'une tempête de tous les diables...