De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

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Néolitas
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De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

Message : # 5305Message non lu Néolitas »

Tous droits réservées à son auteur : Laurence Colombet
Chapitre 1
  • Je m'appelle Fabien de Montargy. Je ne connais avec certitude ni le jour, ni l'année exacts de ma naissance -- peut-être le 22 avril 1328. Je suis un monstre assoiffé de sang, un vampire, et depuis des siècles, je me dissimule au sein d'une humanité inconsciente de ma nature. Suis-je immortel? Oui, dans la mesure où ni la vieillesse ni la maladie n'ont d'emprise sur moi. Mais je peux mourir de bien des manières, à commencer par la privation trop longue de sang humain frais et vigoureux.

    Comme vous vous en doutez peut-être, je n'ai pas toujours été un vampire. Je suis né dans une famille mortelle, tout comme vous, et j'ai grandi une enfance normale de la petite noblesse médiévale. Mon père était vicomte; bien qu'il disposât d'une influence politique toute relative, notre richesse nous autorisait une vie confortable.

    Cependant, et malgré tout l'amour que j'éprouvais pour mes proches, je ne trouvais pas ma place parmi eux. La chevalerie ne m'attirait pas plus que la gestion d'un domaine, et la chasse à courre ne me plaisait que pour la promenade à cheval qu'elle occasionnait. En réalité, ma seule véritable source d'intérêt résidait dans les quelques manuscrits dont nous disposions et dans les récits de l'érudit qu'abritaient mes parents.

    Au Moyen-Age, la curiosité était vue comme un péché, et c'est elle qui devait, bien des années plus tard, me plonger dans la nuit éternelle.
Modifié en dernier par Néolitas le 03 août 2009 23:25, modifié 1 fois.


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  • C'est fout comme au fil du temps, nos paroles sont déformées ... Je trouve que l'on passe vite du simple "Bonjour!" au banal "J'suis dans la cour!!!" Les gens arrangent et analysent nos paroles au gré de leur envies, de leur sentiments ... C'est fout aussi comme on passe d'un "Je t'apprécie" à un "Je t'aime" ... Alors oui mon ami, "Je t'aime "....
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Néolitas
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Re: De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

Message : # 5306Message non lu Néolitas »

Chapitre 2
  • Avec l'adolescence vint le temps où je ne me satisfis plus de nos seuls manuscrits, que je connaissais déjà par cœur pour les avoir trop souvent relus, et de l'enseignement nécessairement limité du clerc, aussi savant fût-il. Les pèlerins et marchands de passage m'enchantaient toujours par leurs récits de pays lointains, mais hélas, leurs visites restaient trop épisodiques à mon goût.

    Si j'étais né au XXe siècle, je serais certainement devenu chercheur, et j'aurais intégré un organisme scientifique après de longues études à l'université. Ma vie aurait été simple, bien loin de l'existence de tueur traqué qui est la mienne aujourd'hui. Mais les possibilités n'étaient pas les mêmes au XIVe siècle...

    J'aurais certes pu me consacrer à Dieu et entrer dans les ordres. Certains d'entre eux m'auraient permis d'étudier la philosophie ma vie durant. J'aurais même pu, quoique mon père fût contre, aller étudier la médecine ou les arts dans une lointaine université d'Italie. Seulement, cela ne me convenait pas. Ce que je voulais vraiment, c'était découvrir ``tout'' ce que le monde recelait de secrets, y compris et surtout ceux que même les plus instruits ignoraient.

    Un jour que j'étais d'une humeur particulièrement massacrante, j'allai trouver notre érudit pour le sommer de me donner une solution, ou peut-être simplement pour me défouler sur le dos du malheureux.
Chapitre 3
  • Je dois admettre que j'étais un jeune homme impulsif, égocentrique, et très imbu de lui-même. Je me rendis donc auprès du sage et l'interrompis sans ménagement au beau milieu de ses études.

    « Eh bien, lui lançai-je dès le pas de la porte, qu'as-tu de nouveau à m'apprendre aujourd'hui que je ne connaisse déjà? »

    En vérité, nous parlions l'ancien français à l'époque, et même plus précisément l'un des innombrables patois qui pouvaient s'entendre sur le territoire de France. Mais je préfère sacrifier l'historicité à l'intelligibilité, j'espère que les plus cultivés d'entre vous ne m'en tiendront pas rigueur.

    « Fabien, répondit-il de son éternelle voix patiente, veux-tu étudier les Evangiles avec moi? Les textes sacrés élèvent l'âme et permettent de s'approcher toujours plus près de Dieu. »

    Je chassai la proposition d'un geste impatient.

    « Ne te moque pas! C'est le monde qui m'intéresse, et tu le sais fort bien. Dis-moi au moins, si tu es ignare, si nos parchemins sont trop rares et si mon père veut me garder auprès de lui pour me convaincre d'entrer dans la chevalerie, il doit bien exister en ce monde des êtres à avoir déjà exploré le royaume de Dieu? Les sorciers seraient sûrement plus savants que toi, ou peut-être devrais-je en appeler aux esprits errants ou même aux démons! »

    C'était pure provocation de ma part, et il objecta précipitamment:

    « Les sorciers ignorent les principes de leur propre magie; quant aux esprits, ils sont inconstants et dépourvus de mémoire. Et garde-toi des démons, qui te damneraient sans accéder à ta requête! Les seuls qui, peut-être, disposent de cette connaissance qui te tente tellement... »

    Je me mis à trembler d'excitation.

    « Alors? Poursuis! »

    Il hésita, le regard plein d'angoisse.

    « Je ne peux pas... C'est un sombre savoir qui pourrait te mener à ta perte... »

    Il se signa, ce qui eut pour effet de redoubler ma colère. J'avoue à ma grande honte l'avoir secoué plus qu'il ne l'eût mérité.

    « Parle! Qu'est-ce que tu attends, stupide vieillard poussiéreux! »

    C'est alors qu'il me révéla à contrecœur ce qui devait changer à jamais le cours de ma vie: l'existence d'immortels buveurs de sang.
Chapitre 3
  • Après cette entrevue avec le lettré, je me mis frénétiquement en quête d'un vampire apte à m'enseigner son savoir accumulé au cours des siècles. Le vieil homme m'avait dit tout ce qu'il savait, c'est-à-dire bien peu, et je dus apprendre par moi-même à extraire un brin de vérité de l'écheveau des superstitions. Mes premiers espoirs se soldèrent vite par des déceptions cuisantes: les vampires étaient -- et sont toujours, en proportion de la population mortelle -- très rares, et les moyens de communication réduits.

    Les mois passèrent, puis les saisons, sans que je pusse découvrir la moindre piste exploitable. J'enrageais à l'idée de passer ma vie entière à poursuivre une chimère pour mourir sans jamais l'avoir atteinte; néanmoins, je ne me décourageais pas. Quelqu'un de plus sage eût sans doute dit que je gâchais ma jeunesse à m'entêter de la sorte, mais en vérité, je menais une existence plutôt normale, conservant pour mon for intérieur mes rêves et mes échecs.

    Avec le recul, je pense avoir fait preuve de sagesse en ne révélant mes recherches à personne. Bien qu'il tentât à plusieurs reprises de me détourner de mon objectif, l'érudit également gardait le silence aussi complètement que s'il eût été mon confesseur -- à qui, d'ailleurs, je n'avais osé parler de mon désir de m'acoquiner avec des êtres ``maléfiques'', de peur qu'il ne me vouât aux flammes de l'Enfer.

    Le temps s'écoulait, la vie suivait son cours, et rien ne me permettait de croire que je finirais par voir un jour mes efforts récompensés. Mais j'étais obstiné. Je me demande parfois si ce n'est pas le seul point sur lequel je n'ai pas changé.
Chapitre 4
  • Après cet aparté, reprenons donc mon récit. Vous vous demandez de quelle manière je procédai dans ma quête des vampires, alors que je ne savais guère d'eux que leur existence elle-même?

    Eh bien, je n'avais évidemment pas accès à l'époque à toutes les sources d'information modernes auxquelles vous, enfants du XXIe siècle, pouvez être habitués. Ajoutez à ce premier obstacle notre méconnaissance des lois de la nature, en particulier sur l'origine des maladies et des phénomènes de contagion, et vous devinerez vite que j'avançais pour ainsi dire en aveugle.

    Vous devez comprendre qu'au Moyen-Age, nous croyions fermement aux vampires, autant qu'aux anges et aux démons, aux sorciers, aux fées, aux fantômes et aux dragons. Je veux dire par là que dans notre esprit, ils étaient tous aussi réels que la terre sous nos pieds. A la lumière de mon expérience, j'ai tendance à considérer que nous n'étions pas plus dans l'erreur que vous aujourd'hui quand vous rejetez tout cela en bloc... Mais nous nous faisions, en tout cas sur les vampires, une idée bien différente de la réalité. De nos jours encore, dans les régions les plus reculées d'Europe centrale, des villageois déterrent les morts, mutilent leur cadavre et l'incinèrent pour faire cesser une ``épidémie de vampirisme''.

    Or l'érudit m'avait appris que, contrairement aux rumeurs populaires, les buveurs de sang étaient supérieurement rusés -- ce qui est faux, mais moins que de croire le contraire, -- qu'ils restaient rarement longtemps au même endroit, qu'ils étaient plus rapides que le vent, et d'une force inouïe, et qu'ils ne redoutaient rien d'autre que le feu et le soleil, pas même le pouvoir de l'Eglise. Il en avait d'ailleurs conclu que Dieu devait les laisser hanter la Terre pour punir les hommes de leurs fautes.

    J'avais en outre été prévenu qu'ils pouvaient sentir une présence humaine à plus de cent pas, et qu'ils avaient la faculté de lire dans les esprits et d'y imposer leur volonté -- autres interprétations erronées de phénomènes bien réels. Enfin, et le plus important: les vampires étaient sensibles à la raison. Il était possible de leur parler et, malgré le péril qu'ils représentaient, de survivre à une rencontre, si l'on parvenait à leur plaire.

    C'est donc fort de ces maigres informations que je me mis à la tâche.
Chapitre 5
  • Au début de mes investigations, je péchai par excès d'enthousiasme. J'entrepris d'aller interroger nos serfs, prétextant auprès de mon père que je souhaitais me charger de leurs doléances. Tout en se désolant que je continuasse à dédaigner les honneurs de la chevalerie, il se réjouit de me voir endosser les responsabilités qui seyaient à un seigneur: au moins, cet obstacle-là me fut épargné. Mais évidemment, aucun de nos serfs n'avait jamais aperçu un vampire, hormis peut-être en songe, et après plusieurs désillusions, je dus finir par reconnaître que mes recherches s'annonçaient bien plus ardues que ce que je m'étais imaginé.

    J'élargis alors mon champ d'action à toute la région. Sous couvert de gérer les relations de bon voisinage ou de collecter les taxes, je partais sur les routes dès que l'occasion se présentait. Je me passionnai pour les chants des trouvères -- ou plutôt pour les récits qu'ils colportaient à la faveur d'un verre de vin, -- me mêlai aux vilains et aux bourgeois et déliai leurs langues grâce à des cadeaux choisis, confortai nos vassaux et flattai nos suzerains. Et lors de chaque rencontre, je restais bien sûr à l'affût de la moindre rumeur susceptible de trahir des événements d'origine vampirique.

    J'eus également l'occasion de mettre en pratique le maniement des armes pour repousser brigands ou pillards, avec un certain succès malgré mon jeune âge. Déjà à l'époque, mes méthodes étaient efficaces quoi que pas toujours très orthodoxes. Mon père eût été choqué s'il avait connu les détails de mes victoires.

    J'appris ainsi la diplomatie et le combat, contribuai à maintenir la paix sur nos terres et avec les seigneurs voisins, et, je dois dire, renforçai quelque peu notre influence politique locale. Mais de vampires, point.
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Re: De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

Message : # 5307Message non lu Vanille »

Il a un point commun avec moi ce Fabien loool :regret:
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Néolitas
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Re: De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

Message : # 5309Message non lu Néolitas »

LoooooooooooooooooooooooooooL On se demande lequel ..... xP
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Re: De l'autre côté du miroir, Confessions d'un vampire

Message : # 5311Message non lu Vanille »

Bennnnnnnnn ca seul lui et moi le savons et toi si tu a trouvé :-D
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