Les Fables traitent, d'une manière riante, de grandes questions morales : l'amour, l'amitié, l'ambition, la justice et la mort. Elles nous révèlent une humanité injuste et corrompue par l'usage arbitraire de la force et du pouvoir, et où la ruse et le mensonge prévalent souvent sur l'honnêteté et la sincérité. Prenant appui sur la fiction animale, La Fontaine utilise le détour de la fable pour délivrer son message : « Une morale nue apporte l'ennui ; le conte fait passer le précepte avec lui ». Une plaisante leçon de sagesse que cet immortel penseur n'impose pas, mais qu'il suggère au gré des aventures.
L'avis de Carole Garcia
La Fontaine a tiré la fable de l'obscurité dont personne n'avait encore réussi à la faire sortir.
Il crée un genre si personnel qu'aucun poète n'arrivera à l'égaler. Ce conteur d'un talent extraordinaire se montre assez pessimiste quant à la nature humaine. Comme tout bon moraliste, La Fontaine s'en prend aux rouages de la société de l'époque et dévoile la mauvaise foi des puissants et leurs manigances. Le récit tourne le vice en ridicule et débouche sur une leçon de morale ou de sagesse pratique, fort utile et d'une éternelle actualité. Une critique qui passe par l'ironie car la fable autorise une grande liberté de ton, offre également une infinie variété de procédés. La Fontaine se fait un jeu d'y mêler les rythmes les plus variés, tantôt nobles jusqu'à l'épopée, tantôt héroï-comiques jusqu'au poétique, réaliste ou oratoire.
Variétés des vers, diversité des consonances, à l'intérieur d'une seule fable, le poète présente des caractères opposés. D'une fable à l'autre, il fait en sorte qu'un même personnage joue des rôles différents.
À relire pour la virtuosité de la poésie, le sens caché de ces véritables dénonciations et, pourquoi pas, la sagesse. « Car tout parle dans l'univers, Il n'est rien qui n'ait son langage ».
